Rudolf Stingel
Kent Hernicksen
Claude Closky
Sans titre (de 1 à 65) est un papier peint réalisé sous forme d’autocollants, dont le motif est un point numéroté. Pour l’installer, il suffit d’appliquer les autocollants sur le mur, selon la disposition que l’on souhaite. A l’inverse d’un papier peint traditionnel, sa pose ne se fait pas en fonction de son motif mais de la surface sur laquelle il est collé.
Biennale de venise
Philippe Faure
Philippe Faure
Plasticien
E-mail : atelier.base@numericable.fr
Philippe Faure peint du papier peint. Ces larges arabesques ne nous sont pas étrangères. Elles représentent un code visuel saturé, vu et revu. Pourquoi faire devenir tableau ce motif désuet qui n’occupe ordinairement que le fond de la scène ?
Le motif est chargé ; Très chargé. Par l’abondance décorative un peu étouffante de la fin des années 70. Par ce qu’il nous dit de nous-même. Motif d’un souvenir d’enfance qui ornait le très conventionnel salon familial, il peut être pour d’autres celui d’un hôtel médiocre qui a abrité une étreinte fugace. Il fait partie de nos vies à tous et à chacun. Le papier peint se répète à l’infini et nous enserre comme les alvéoles de la ruche. Il nous voit quand on ne le voit plus. Il nous voit nu, dévoilé, repu et fatigué lorsque l’on ouvre un œil après l’amour et l’on se demande ce que l’on fait là. Il partage notre intimité « présentable » devant l’autre. Le papier peint nous saisit dans ce qui fait notre force et notre misère : notre immense solitude. Et le motif tournoie autour de notre corps replié sur le lit. Jusqu’à l’écoeurement.
Le papier peint est le décor inaltérable de ce passage intime. Celui qui nous rattache à l’enfance, à ses ambiances, à ces odeurs. Celui qui nous rattache au couloir de cet hôtel de province où s’alignent les portes comme autant de passages vers l’inconnu. On est alors comme l’enfant au tricycle dans Shining, on a envie de découverte et l’on est terrorisé à l’idée qu’elle advienne vraiment. Quand le passage devient inquiétant et le rythme hystérique, les motifs du papier peint de transforme en chimères, en ombres grandissantes, en une forêt qui gronde et s’apprête à nous dévorer.
On se réveille en sursaut, angoissé, transpirant, haletant. On a envie de vomir et de pleurer. On regarde le papier peint. Son motif se dessine en creux et en plein, comme lové sur lui-même. La régularité de son rythme apaise le souffle. Son décor est toujours le même et le testera indéfiniment. Il reste en place alors que tout bouge autour de nous. On peut se rendormir, on est enfin rentré à la maison après ce long voyage qui mène de soi à soi-même.
Sarah Lapoutge
Une vidéo de 7 minutes est présentée en boucle dans un cadre ovale laqué noir.
Une vidéo de 7 minutes est présentée en boucle dans un cadre ovale laqué noir.
Les créatures multijambes de Philippe Faure sont évocatrices des compositions photomontées de Pierre Molinier. Faure n’utilise ni ciseaux ni internégatifs, il exécute ses photomontages avec les outils numériques. Son esthétique « pornokitsch » puise dans les registres classiques de l’erotisme : talons aiguilles surdimensionnés, bas résille. La toile de fond de ses installations et ses motifs « médaillon » évoquent la toile de jouy du paravent de Molinier. Autre point commun avec le Chaman, un fauteuil Louis XV fait partie de ses installations. Les œuvres de Faure, c’est un peu Pierre Molinier qui rencontre Jeff Konns. Les modèles de Faure, en provenance de sites Internet érotiques ou pornographiques, sont interchangeables, ses installations évoquent autant le boudoir que le peep-show, les « love hotels » de Tokyo ou les vitrines baignées de lumière au néon des prostituées hollandaises.
Mike Yve
Commissaire de l’exposition Pierre Molinier ‘’Jeux de Miroirs’’ du musée des Beaux-Arts de Bordeaux.
(Extrait du catalogue de l’exposition)
Titre : B.A.S. ( Bourgeoise A Satisfaire ) Installation comprenant fauteuil de style louis XV, papier peint, 120 photographies numériques marouflées sur plaque d’aluminium découpée au laser, néons fluo, menottes et strass, plumeau d’autruche, collier de perles, écran vidéo.
Samuel Rousseau
Samuel Rousseau/ papiers peints numériques
Dernière initiative de la très en vogue équipe de Numeriscausa - chargée de la production d'expositions dédiées aux arts numériques - « Natural / Digital » nous questionne sur notre rapport à la nature après l'inscription des savoir-faire technologiques dans le champ de l'art.
L'Histoire de l'art est marquée par de constants retours à la nature. Exacerbée au 19ème siècle - notamment par les Romantiques et les Impressionnistes - puis ponctuellement célébrée par quelques grands noms - tels qu'Henri Matisse et Andy Warhol - elle tombe plus ou moins en désuétude avec la postmodernité. A l'aube du troisième millénaire, quelques créateurs s'y attachent à nouveau ; ils ne la copient plus qu'occasionnellement et se lancent plutôt dans la conception de « supports de vie » artificiels, essentiellement floraux. Quelques uns produisent des œuvres décoratives, certains nous permettent de dompter la végétation, d'autres enfin préfèrent exploiter les nouvelles possibilités des technosciences pour régir de véritables microcosmes virtuels.
Des motifs décoratifs vivants
Dans la première salle, le jeune plasticien grenoblois Samuel Rousseau projette sur un pan de mur d'étranges patterns animés, d'hypnotiques tourbillons floraux aux teintes pop (cycle de 20 min - extrait online chez Art-Netart qui a co-produit l'oeuvre ndlr). Comme à son accoutumée, l'artiste ne perturbe que très peu le lieu, s'y plie même (il découpe son cadre de projection en fonction des boiseries) et tente d'opérer un rajout poétique. Conçu pour potentiellement s'infiltrer dans toutes les sphères (même les plus anodines), nous imaginons sans difficulté ce papier peint électronique orner les cimaises d'une institution muséale ou les murs du salon d'un particulier branché. En quelque sorte, la vidéo prend ici la place de la peinture et insuffle une nouvelle vie au lieu.
http://www.fluctuat.net/2540-Natural-Digital-Biche-de-Bere-Gallery
Nicolas Guillet, vit et travaille à paris
expo C6, Saint Etienne 2004
Jean-marie hegoburu, vit et travail à Marseille, travaux "in situ"
Lien: http://jmhego.blogspot.com
mercredi 31 octobre 2007
mardi 30 octobre 2007
Carlos kusnir
lundi 29 octobre 2007
historique-chronologie...
photo ci dessus:
Maison du directeur
manufacture d'armes de Saint-Etienne
Toiles de jouy (outil de propagande, napoléon. voir artiste allemande) scénettes, paysage, champètres, exotiques...("chinoiseries") Après 1880, longue periode de paix et de prospérité s'installe, stimulée par l'expension coloniale et industrielle. bourgeoisie d'affaires, nouveaux riches peu sûre de leur gôut, affichent leur réussite social par des interieurs surchargés et faussement luxueux, une recherche non du "beau" mais de "l'effet", faux velours, marbres, bois, cuirs, bois...pastiche.
Art nouveau Pivoines, Alphonse Mucha, Manufacture inconnue, France,1900.
Hector Guimard art déco...
1930, influence de raoul Dufy
Années 30 Sous l'influence du Bauhaus et de Le Corbusier se généralisent les papiers peints à simple effet de matière.
Henri Matisse Polynésie, le ciel, 1946 Tapisserie (Manufacture des Gobelins) 197 x 308 cm Musée des Arts Décoratifs, Copenhague Henri Matisse Polynésie, la mer, 1946 Tapisserie (Manufacture des Gobelins) 200 x 316 cm Musée des Arts Décoratifs, Copenhague
Motif qui glisse d'un plan à l'autre, applati l'espace.
Andy warhol
1966 warhol ...vision négative qu'avait warhol du métier de peintre en 1966, déçu par la création d'images fixes et l'installation traduisait sans doute l'opinion selon laquelle le seul rôle des oeuvres d'art que l'on suspend était encore celui de papiers peint décoratif. meilleur lieu pour une expo? Maison?/galerie? aucune différences, ce ne sont que des décorations... ( papier peint des vaches, expos galerie léo castelli, n.y, repro magasin grenoble)
Juan Miro
Pattern Painting
Le terme anglais pattern : patron, motif répété, caractérise le travail d'un groupe d'artistes américains qui refusent de prendre en considération le seul art occidental et s'inspirent de l'artisanat et de la culture du monde entier. Ils revendiquent la poursuite d'une recherche visuelle et purement décorative. > Valérie Jaudon, Robert Kushner, Miriam Shapiro Erwan Venn : destroy wallpaper Design Textile | Expositions | du 16/06/06 au 01/11/06 Dans le cadre du partenariat avec « Mulhouse 006 », le musée du papier peint présente « latente » une vidéo de l’artiste Erwan Venn. « Latente » est une projection vidéo d’écroulement de motifs de papier peint. Composée de dix plans différents, chaque animation, constituée de bruits familiers, évolue autour de la chute. dafflon, decrauzat (suisse) sigmar Polke, Vialat... Buren, Mosset, Parmentier,Toroni.. christopher wool (rouleau motifs...) Robert Kushner, Myriam Shapiro, Joyce Kozloff
Jochen Gerner, galerie anne barrault Les dessins de Jochen Gerner s’appuient sur des supports aussi divers que des pages de journaux, des plans, des listes imprimées de noms, des illustrations de manuels scolaires, des pages de catalogues, etc. Parfois, l’œuvre s’inspire des produits tels que des pull-overs ou des cartes touristiques soulignant leur caractère graphique, constitué de traits-fils et de motifs. Les motifs, autre spécificité de l’œuvre de Jochen Gerner. semblent eux aussi puisés dans le répertoire visuel courant des objets imprimés. Par exemple : Papier peint, au titre démonstratif, se compose de points identiques, régulièrement espacés, sur une longue liste imprimée de noms de lieux. Le tout est un grand papier directement collé sur toute la hauteur du mur. Les motifs les plus fréquents sont des pictogrammes colorés, disposés en fonction de ce qui est préalablement inscrit sur le support: des maisons schématiques sur des pages de petites annonces immobilières, des barres d’histogrammes sur les cours de la bourse, etc.
Les œuvres de Jochen Gerner s’agencent à un fond déjà existant, dans des cadres ready-made en quelque sorte. Dans la tradition de l’Oulipo de créer sous contrainte à partir d’éléments déjà existants par détournement critique, ironique et humoristique. Jochen Gerner met en œuvre une critique du langage et des moyens d’expressions publics, textuels et visuels. Les conventions sont mises à l’épreuve dans leurs fins et limites.
magasine eye n°58 ( the decriminalisation of ornament) magasine eye n°58 ( the decriminalisation of ornament)
http://www.eyemagazine.com/dosearch.php?searchmode=4&element=ornament&start=3
tiki fruit eboy (pixel art) alien plant pattern
Art brut (musée de Lausane) remplissage de surface // dessins telephoniques...(jochen gerner) Papier peint coloriage...
Papier peint travailler le rythme Banalité, ce que l'on ne regarde plus, que l'on ne voit plus, du fait de la répétition (trame, motif...) rapport à la texture, peau (jeux vidéo, raff...) contaminer, déborder du mur, motif qui applati, dissimule (portes secrètes) pour quel espace, quel lieu, quelle classe sociale...
Motif/échelle: raports très importants, plusieurs strates de lecture... Exploitation du suport donné (papier peint existant par exemple...) Détournement, déplacer, redéfinir un espace par son motif... Papier peint qui traverse le mur, palimpseste, passe murailles......travail possible sur le point de vue, taille des motifs croissants, modifier la perspective...
(voir George Rousse, Felice Varini)
Palimpseste
Le palimpseste (du grec ancien / palímpsêstos, « gratté de nouveau ») désigne un manuscrit écrit sur un parchemin préalablement utilisé, et dont on a fait disparaître les inscriptions pour y écrire de nouveau. Cette méthode fut utilisée au Moyen Âge surtout entre le VIIe siècle et le XIIe siècle, par des copistes qui, le parchemin coûtant cher, réutilisaient d'anciens manuscrits pour y copier de nouveaux textes. Pour cela, les vieux manuscrits étaient préalablement désencrés ou effacés grâce à de la pierre ponce. À cause de cette méthode, plusieurs écrits ont été momentanément ou irrémédiablement perdus, que ce soit des textes juridiques tombés en désuétude, mais aussi des textes de penseurs grecs pré-chrétiens, ou des textes d'écriture gothique. On arrive toutefois à retrouver l'ancien texte dans certains palimpsestes grâce aux techniques modernes de restauration de documents (chimie, imagerie aux rayons ultraviolets, rayonnement synchrotron).
liens, recherches:
http://www.documentsdartistes.org/artistes/kusnir/repro2.html
http://www.arte.tv/fr/art-musique/tracks/Emission-du-15-janvier-2004/392632,CmC=392640.html
http://www.galerieannebarrault.com/jochen_gerner/expo2006.html
http://www.super-script.com/ http://www.pipiparade.com/ http://www.manystuff.org/
http://www.mmparis.com/wallpaper/index.html http://www.erwanvenn.net/ http://welcome.to/jochen.gerner Jochen
Gerner, galerie anne barrault
http://www.art-wall-sticker.com/_fr/closky/texte.html
historique
Le papier peint :
pour un décor industrialisé...
par Bernard Jacqué,
conservateur du Musée du Papier peint à Rixheim.
Le papier peint se développe dans la seconde moitié du XVIIIe siècle avec la Révolution industrielle et, comme elle, répond aux besoins de consommation d’une société enrichie. Jusqu’alors, les classes supérieures disposent de décors somptueux sur les murs de leurs intérieurs : cuir doré, boiseries peintes ou sculptées, tapisseries, soieries… tous décors inaccessibles aux classes plus modestes qui se contentent de « bergames », de médiocres tissus de laine, voire, le plus souvent, en bas de l’échelle, d’un simple coup de blanc de chaux.
Or la période connaît une double évolution :
- sur le plan technique, l’habitat s’améliore, désormais mieux chauffé avec des cheminées de petite taille, plus efficaces, et mieux isolé avec l’usage du plâtre
- sur le plan social, la classe moyenne, en voie de formation, souhaite des décors tout à la fois peu coûteux
et valorisants.
Le papier peint répond à cette demande : relativement peu coûteux, il est susceptible d’imiter les décors les plus somptueux. Ce n’est évidemment pas un hasard si les publicités de l’époque insistent sur ces qualités d’imitation du papier peint. Le manufacturier Durolin propose par exemple en 1788 à Paris : « des papiers peints veloutés et en arabesques, ornements d’architecture en grisaille et rehaussés d’or, papier imitant le bois des Indes et le dos des livres de tout format, […] pierre de taille, marbre, granits, colonnes, pilastres, chutes, balustres, corniches, architraves, statues, guirlandes […] en tous genres » ; de son côté, son confrère Lecomte à Lyon « fait les plus grands efforts pour imiter les étoffes de la haute fabrique [lyonnaise, c’est-à-dire les somptueuses soieries] ».
Ces papiers peints sont conçus et réalisés dans des entreprises de taille variable : à Paris, en 1791, on a pu décompter plus d’une quarantaine de manufactures, dont six occupaient plus 100 ouvriers et deux, ce qui à l’époque est énorme, plus de 400. Il s’agit donc ici d’une véritable industrie car, en dépit de son nom, le papier peint n’est pas peint mais imprimé. La technique de l’impression à la planche permet de fabriquer le même motif par centaines de rouleaux dans un large échantillonnage de couleurs. Des représentants sillonnent toute l’Europe et les jeunes Etats-Unis pour vendre des rouleaux par milliers dans le cadre d’un réseau commercial qui se met en place. L’on retrouve les mêmes motifs aussi bien sur les murs de Nouvelle-Angleterre qu’à Moscou.
Dans les décennies suivantes, la production va prendre de l’ampleur pour répondre à une demande élargie, correspondant à l’essor de la classe moyenne. Celle-ci, certes, continue à faire appel à toutes sortes d’imitation de matériaux raffinés, mais le papier peint réussit pourtant à conquérir progressivement son autonomie et à donner naissance à un type de décor spécifique, libéré de la volonté de pastiche. C’est particulièrement sensible dans deux types de création originaux : les « décors » et les « paysages ». Les décors ont pour propos de recréer sur le mur une décoration structurée comme peut l’être une boiserie ; pour ce faire, les manufacturiers mettent sur le marché des composants destinés à se combiner entre eux, de quoi réaliser un véritable kit à partir de panneaux, de lambris, de pilastres, de bordures et de corniches. Or, ces créations font preuve d’une grande originalité, ne se contentant pas de simplement démarquer les formules traditionnelles. C’est encore plus sensible dans le domaine du paysage, ce que nous nommons depuis 1930 panoramique. Ici, les manufacturiers produisent en grande série, jusqu’à plusieurs milliers d’exemplaires en cas de réussite du sujet, de vastes compositions destinées à faire disparaître les murs de la pièce et à satisfaire le goût de l’époque pour le voyage. Il ne s’agit nullement d’un produit de luxe, destiné à des ensembles palatiaux, mais de décors destinés à des intérieurs bourgeois qui se vendent entre 100 et 200 francs-or : Balzac en place par exemple un dans la salle à manger de la pension Vauquer… qui ne passe pas exactement pour un parangon d’opulence.
Jusqu’alors, la production, quoiqu’industrielle, est réalisée manuellement : mais les manufacturiers vont progressivement mettre au point des modes d’impression mécaniques qui deviennent efficaces au cours de années 1840, si bien que dès les années 1850, la majorité des papiers peints est produite à la machine. Désormais, le rouleau ne se paye plus en francs-or mais en centimes-or et le commun des mortels y accède, disposant « sinon de l’équivalent du luxe, au moins de ce qui pourrait en donner le mirage », selon l’historien de l’art Charles Blanc en 1881. C’est ainsi qu’Emile Zola nous décrit cet épisode de l’installation de Gervaise rue de la Goutte d’Or à Paris en 1855 : « L’achat du papier fut surtout une grosse affaire. Gervaise voulait un papier gris à fleurs bleues, pour éclairer et égayer les murs. Boche [le concierge] lui offrit de l’emmener ; elle choisirait. Mais il avait des ordres formels du propriétaire, il ne devait pas dépasser le prix de quinze sous [75 centimes] le rouleau. Ils restèrent une heure chez le marchand, la blanchisseuse revenant toujours à une perse très gentille de dix-huit sous [90 centimes], désespérée, trouvant les autres papiers affreux. Enfin le concierge céda… »
Ceci n’entraîne cependant pas un véritable renouvellement du motif, bien au contraire : face à une telle situation se développe un large mouvement d’esthètes, d’abord en Angleterre, puis dans tout le monde occidental, qui condamne la production industrielle dans la mesure où l’impression traditionnelle permet à l’ouvrier d’épanouir sa créativité, alors que la machine, en parcellisant les tâches, aboutit à de médiocres résultats. L’Art nouveau, qui en est issu de 1890 à 1905, est une réponse conservatrice sur le plan technique, dans la mesure où ses tenants rejettent l’industrie. En revanche, la question est reposée dans un cadre différent par le Bauhaus en 1929, aboutissant au refus du motif au profit de simples effets de matière, mieux adaptés à des intérieurs modestes – loin, il est vrai, du « mirage du luxe », mais parfaitement adaptés tout à a fois à la situation de crise économique et au vaste marché de l’habitat social.
Les cinquante dernières années voient dans un premier temps un essor de la production, adaptée aux larges besoins de reconstruction et d’urbanisation de l’après-guerre : les motifs pop des années 1970, expriment bien ce dynamisme retrouvé, lorsque les grosses fleurs orange recouvrent absolument tout espace disponible dans l’intérieur de tout un chacun. Par la suite, le papier peint entre en crise : par un mouvement de pendule, les motifs trop présents déplaisent ; en même temps, les moyens de production, capables de mettre en un temps record des milliers de rouleaux d’un même dessin sur le marché, prolétarisent le papier peint, désormais vendu en grande surface, sans l’ombre d’un conseil.
Est-ce à dire que le papier peint est mort ? Les populations de l’ancienne Union soviétique, qui absorbent désormais le tiers de la production mondiale, prouvent que le phénomène du « mirage du luxe », après plus de quatre-vingts ans d’austérité, fonctionne toujours. Quant à la création, l’impression en numérique va sans doute permettre aux nouvelles générations de créer des motifs adaptés à leur propre intérieur.
Cette histoire d’un décor industriel ne serait pas complète si on oubliait les sarcasmes dont a été accablé le papier peint depuis ses origines : lorsqu’on l’installe dans les maisons royales, dans les années 1780, d’aucuns s’offusquent de l’usage d’un matériau qui les « infecte » et que l’on ne devrait réserver « tout au plus que pour le logement des gens de suite ». Tout est dit et le même mépris revient récurrent deux siècles durant. Les linéaires éclairés au néon des surfaces de bricolage, seuls lieux où l’on trouve désormais le papier peint, ne devraient malheureusement pas atténuer ce jugement. Il devient par là même difficile d’analyser sereinement un décor dont le seul défaut est d’avoir été beaucoup plus populaire que d’autres.
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